Les chiffres sont effroyables, malgré leur approximation. A cette heure très matinale, les yeux gonflés, je peux lire, entendre plus de 120 morts, plus de 200 blessés dont 80 très graves. On parle de 6 attaques, entre 21 h 30 et minuit, avec grenades, ceintures d'explosifs, kalachnikov et pistolets automatiques. Les témoignages du Bataclan font état de terroristes parlant français, tuant au nom d'Allah et se vengeant des actions militaires en Syrie, d'une dizaine de terroristes seulement.
La « réaction » n'a pas tardé. Oh, je ne parle pas de nos forces de police et de leur intervention rapide. Je ne parle pas de la protection civile, du personnel hospitalier qui s'est spontanément mobilisé autour des victimes. Je ne parle pas non plus de ces journalistes mis à l'écart tentant de nous informer par tous les moyens... Oui, peu de monde a dû bien dormir cette nuit.
Je parle de l'état d'urgence, décrété en moins de deux heures ! Bien pratique, cette carte magique, restreignant bon nombre de libertés, alors que le pays se bunkerisait déjà pour la cop21. Il vaut mieux ne pas trainer dans les rues durant les trois prochains mois pour faire valoir nos droits civiques. Et avec les moyens exceptionnels en matière de surveillance électronique dont la police s'est dotée depuis quelques années, ils vont pouvoir enquêter sur toute menace potentielle d'ordre public, et pas spécialement ces terroristes si pratiques. La côte socialiste va se raffermir pour les régionales, quoique, ne vaudrait-il pas mieux les annuler ? Il est clair que les bulletins seront entachés par ce drame.
Je ne critique pas ces moyens, qui peuvent être efficaces, qui devraient déjà l'être même dans les « clous » d'application actuels. Je critique leur emploi, au profit de la caste dirigeante, et non pour la véritable protection de la population. Des lois sont en place, pas les effectifs nécessaires pour les vraies missions en temps normal. Ces effectifs ne seront pas plus opérationnels durant l'état d'urgence. Bien au contraire, car justement, ils vont être occupés à autre chose.
Que croyez-vous ? Que réellement des hordes musulmanes surarmées désirent nous massacrer en France ? Nous avons dernièrement eu droit au calcul des effectifs nécessaires à la surveillance de 2000 terroristes potentiels de retour de Syrie en 24h/24h avec la sinistre conclusion que nos policiers ne pouvaient pas assumer. Nous savons aussi que les effectifs assignés à la surveillance des personnalités ont crevé tous les plafonds d'heures supplémentaires. Cazeneuve a décidé la semaine dernière d'armer les polices municipales... Mais croyez-vous qu'un simple PA à la ceinture d'un bedonnant à quelques centimètres de son terminal mobile pour contraventions électroniques à répétition va réellement dissuader les terroristes et autres délinquants de haut vol ? Non, beaucoup de pauvres gars qui comprendront qu'ils sont toujours dans la panade dans leur boulot pourront encore mieux se suicider, s'ils ne se font pas massacrer avant.
Avez-vous vu tous ces flics postés dans la rue alors qu'on attendait l'intervention de la BRI ? Ils ne servaient à rien tandis que le massacre se perpétuait à l'intérieur du Bataclan. Perdu pour perdu, il fallait se battre, mais ils ont réfléchi comme s'ils devaient avoir zéro pertes dans leurs rangs et comme s'ils devaient négocier pour des otages. Ils n'ont pas réfléchi comme une scène de guerre où il fallait intervenir de suite, même au risque de tuer quelques innocents au passage, d'avoir des blessés, peut-être des morts, mais rien de comparable à la tuerie qu'ils ont permise en prenant leur temps. On ne peut leur en vouloir. Pourquoi se sacrifieraient-ils eux au profit de lambdas tandis que les juges dépensent des millions pour juger un salopard pris en flagrant délit, et finissent par les relâcher pour des problèmes de paperasse ? Et puis, la chasse aux sorcières pour les responsabilités ensuite... Alors, « appliquons la procédure » et laissons faire les zorros habituels. Mais si la BRI ne craint pas le feu de l'action, elle est lente à se mettre en œuvre.
Le soldat sur le terrain ne s'embarrasse pas. La seule préoccupation est le résultat de la mission, avec tout de même une mise en danger relative des personnels ; pas question qu'il y ait plus de morts que nécessaire, mais on ne fait pas d'omelette sans casser les œufs. Avec l'état d'urgence, et des bérets rouges ou des casquettes kaki dans la rue, c'est par contre ce que le citoyen chômeur enfin révolté risque avoir en face s'il menace l'intégrité d'une mairie ou d'une banque aux coffres vides (sauf ceux des riches particuliers). Mais cette fois, pas de kalachnikov, et pas de pavés la plupart du temps. Le mobilier urbain est aujourd'hui conçu pour ne plus être détournable au profit des manifestants.
La reprise du troisième trimestre est bidon. Nous avons atteint un plus bas de routine et il y a moins d'heures travaillées de payées, moins de jours de congé pris en été. Il y a 700 milliards de dette et 1 million de chômeurs officiels en plus par rapport à 2008. Le problème grec revient, c'était prévisible, l'Espagne s'enfonce encore dans la crise et va devoir faire face à un problème de sécession, les allemands ont besoin de migrants à bas prix, mais pas tant que ça, parce que l'automation des usines est en marche, la Grande Bretagne songe à quitter une Europe qu'elle n'a jamais vraiment intégrée... même l'économie chinoise patine. La situation est toujours catastrophique, mais l'illusion perdure encore pour nombre de citoyens, enfin, de moins en moins, mais la peur du lendemain fait rentrer tout le monde dans le rang.
Alors, une petite dizaine de terroristes qui tuent 3 fois moins que la route en un mois, c'est rien, c'est quand même providentiel, car comme sur la route, c'est la liberté de 65 millions de français qu'on va pouvoir restreindre. Et ça n'a pas trainé. Et comme sur la route, on arrêtera bien quelques chauffards, mais surtout, on contrôlera tout le monde.
Pour conclure, et malgré tout pas totalement étanche à l'émotion, je voudrais tout de même faire part de ma compassion pour les victimes, qu'elles soient décédées ou blessées, qu'elles soient indemnes physiquement mais fortement choquées. Je pense aussi aux proches, tout à leur peine.
FLB
En plein conseil de Défense, on sait que le nombre d'assassins était au moins de 8, qu'il y a 128 morts au moins, que le pronostic de 99 personnes est incertain alors que presque 100 blessés de plus sont plus ou moins touchés. Les frontières ont aussi été fermées. Les gens qui sortent vont eux-aussi être contrôlées.
Dernière modification le : 14/11/2015 @ 10:13
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